A l’occasion de la sortie prochaine du nouvel opus du trio gominé Mustang, retour sur Ecran Total, troisième album du groupe qui compte bien continuer à faire chauffer le diamant de votre platine.
Le soleil fait reluire le capot de la voiture : vous allumez l’autoradio, affublés de vos lunettes de soleil et tartiné d’indice 50. Les rayons de ce disque vont faire des ravages !
Ce troisième opus a comme un air de vacances. Pourtant, Mustang choisit à nouveau des sujets denses, criants de vérité. De l’amour à la mort, la vie suit son cours avec des « hauts et des bas », sous le joug d’un capitalisme dictateur de bonne conduite.
Malgré des influences fifties, le trio s’émancipe de l’étiquette rockabilly qu’on avait collé, à tort, sur les étuis de leurs guitares. Avec ces rythmes ensoleillés et ces notes retro de synthétiseur, un vent d’été souffle dans nos oreilles. L’influence numérique, presque robotique sur certaines pistes (Je vis des hauts, Écran total) évoque la new wave. Sur Mes oignons ne font pleurer que moi, une pointe de blues teinte d’abnégation le deuil indicible et nuance l’ambiance solaire qui guide cet album.
La vérité de ces textes peut déranger. Les facéties de la séduction amoureuse (Les Oiseaux Blessés, Les Filles qui dansent) rencontrent celles d’un système médiatique et financier auquel on se plie (Écran total, Le Sens des affaires). L’actualité est narrée et dès lors, même le deuil peut devenir objet de l’écriture (La Mort merde) : la vie déroule son fil et le temps passe indéniablement (Ce soir ou jamais). Felzine rend compte de ce qui se cache derrière des faux-semblants (Sans des filles comme toi, Les Gens sérieux) et montre même l’échec cuisant des vains efforts amoureux (Coup de foudre à l’envers).
Dans cet opus, Mustang refuse les étiquettes : celles des genres musicaux, mais également celles de la bienséance. Finies les histoires à l’eau de rose : si ce trio s’ancre dans la tradition de la variété française et de ses chansons d’amour, il s’en détache aussi en n’hésitant pas à montrer l’envers du décor, comme il le fait pour des sujets politiques. Place donc à une réalité crue, dans un langage parfois vulgaire, sur des sujets parfois tabous (c’est d’ailleurs le titre du précédent album du groupe).
Non sans pessimisme, Mustang lève le voile sur une société de faux-semblants qu’un écran vient tamiser, mais aussi qui vient lui renvoyer sa propre image. La vérité est criante, mais la musique vient faire passer la pilule car, comme l’a dit Nietzsche : « Nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité » !
Manon Houdayer