Alex Dufour est un dessinateur et performeur qui se sert de l’improvisation et du geste automatique pour créer des dessins faits de lignes, de vide et de plein. Quand la parole a commencé à se libérer, il l’a rendue visible au monde, cherchant à déconstruire le tabou et à mettre des images sur des mots difficiles et sensibles.

Alex Dufour est un jeune artiste plasticien pour qui le dessin est peu à peu devenu un langage, un moyen d’expression qui renouvelle les formes de ce qui peut être dit. Entre cubisme inspiré de Picasso et processus surréaliste de l’écriture automatique, cet artiste sculpte le trait pour lui donner corps. Il voit le tracé comme de la matière brute et abstraite, un processus inconscient qu’il faut ensuite retravailler pour y donner forme. Le dessin devient à cet instant un mouvement, celui très simple de la main, du stylo et de la feuille : l’encre comme une onde qui dérange la surface blanche. Le mouvement, aussi, que l’art provoque sur celui qui le voit. Il investit aussi un art oratoire improvisé, où les mots lui permettent d’être comme il dessine, dans un « comportement automatique ».

Toutes ses œuvres explorent cette dimension de l’intérieur, du caché, du non-pensé, de l’inconscient. Il s’intéresse au souvenir et au rêve : à ce qui est passé par le prisme de notre regard personnel, par notre intimité. Ce qui l’intéresse c’est finalement l’imaginaire que chacun construit à partir de son vécu : « On a tous un film en nous, tout un monde qui n’est pas vu, qui n’est pas pensé ». Il a déjà pu faire appel à d’autres que lui pour raconter des histoires qu’il couche sur papier. Lors d’une résidence à Boussac (23), les habitants ont pu lui raconter leurs rêves. Il ne prend pas de notes, il cherche juste les images qui naitront par lui avec les mots qu’on lui a confiés. Il les transforme, les exprime à travers ce nouveau langage.

Avec le mouvement MeToo, l’artiste a vu la parole se libérer, et les débats sur le viol et les agressions sexuelles prendre de plus en plus de place. Dans ce contexte, une de ses amies lui a raconté sa propre histoire, les viols qu’elle a subis. Sans être prête à faire part de ce témoignage à la justice, elle a déjà pu mettre des mots sur ces événements. Alex Dufour a alors décidé de partager cette histoire, à travers le moyen d’expression qui est le sien. Un événement de quelques secondes qui marque toute une vie, qui chamboule le corps, l’âme, le mental. L’artiste parle d’une « explosion nucléaire » intérieure, où la victime se retrouve face à un monde qui s’écroule et un autre qui s’ouvre, un changement de paradigme.

Représenter le viol c’est aussi rendre visible un tabou là où les arts visuels ont plus tendance à représenter des corps féminins hypersexualisés. Ce tabou rend par la même occasion le viol invisible, et donc complexe à imaginer : difficile de mettre des mots sur une abstraction.  Il faut donc chercher une nouvelle forme de langage qui transcende les paroles, « pour apprendre à parler la langue du traumatisme ». Il est important pour l’artiste que « ces signes là, ce langage là, cet imaginaire là prenne, soit diffusé pour que ça existe et que ça pénètre dans nos têtes, dans nos cerveaux. ». Le dessin devient un langage cathartique, proche de l’art thérapie. Il est temps de rendre une voix à celles et ceux qui ont été victimes, temps de dire des vérités, mêmes si elles sont dures, mêmes si elles sont douloureuses.

Avec douceur, pudeur, mais sans dissimulation, Alex Dufour présente à travers son travail un témoignage fort où l’image restitue les mots/les maux. Il y a quelque chose de très beau dans cette acceptation du traumatisme, dans la façon dont il est avoué à travers un vocabulaire visuel. Un nouveau langage pour palier à la tristesse de « tous les mots qu’on a et tous les gestes qu’on connaît déjà », comme si on avait tout dit.

Illustrations d’Alex Dufour

Vous pouvez retrouver le travail d’Alex Dufour sur son site internet, facebook ou instagram, présentant ses dessins sur le viol.

Merci à l’artiste pour l’interview et le temps accordé qui ont permis l’écriture de cet article. 

Publié le 26 novembre 2020

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