Cyrano aime Roxane qui aime Christian.
Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie.
Rodolfo aime Mimi qui aime Rodolfo.
Ce sera une histoire d’amour. Belle on l’imagine, ennivrante, on le souhaite, tragique, on le redoute.
Voilà les premières émotions qu’on ressent lorsque l’on passe les portes de l’Opéra National de Bordeaux, que l’on prend place au paradis, et que le rideau se lève sur cette chambre d’artistes misérable et glacée par l’hiver. La Bohème de Giacomo Puccini s’éveille ainsi au rythme de l’orchestre dirigé sans coup férir par Paul Daniel, le directeur artistique et musical de l’Opéra. Petit à petit, les notes se jouent en même temps que le destin de Mimi et Rodolfo. Il est artiste sans le sou, elle brode des fleurs, il rêve de gloire, elle vit d’amour, il est jaloux, elle est malade. Et au son de cet italien qu’on nous crie tantôt ou qu’on nous murmure d’autres fois, nos yeux suivent aussi les mouvements de Musetta, Colline ou Marcello jusque dans les bars très années soixante de la région. Laurent Laffargue a en effet pris le parti d’une mise en scène située il y a plus de 50 ans en arrière, mais qui ne perd rien de sa vivacité. Les décors, les costumes, les postures, tout est là et suffit à vous faire patienter une heure de plus sur votre chaise malgré le mal de dos qui pointe : les robes vintages, le vendeur ambulant de jouer, et même Charles de Gaulle, s’adressant aux Français de l’intérieur d’une vieille télévision et noir et blanc. Créée en 2006, cette adaptation en quatre tableaux de l’œuvre originale de 1896 est un pari réussi. Et même si le destin a tout prévu, Rodolfo aime Mimi qui aime Rodolfo.
Détails :
La Bohème, opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini créé en 1896 et lui-même tiré d’un roman d’Henri Murger, Scènes de la vie de bohème.
Mise en scène : Laurent Laffargue
Direction musicale : Paul Daniel