« The show must go on ! »
Tout est dans le sous-titre qu’a choisi Alexandre Fecteau pour ce NoShow. Cela entre en résonance particulière avec les événements de cette semaine où, à ce jour, le fait de se rendre dans une salle de spectacle est presque devenu un acte militant. Beaucoup de spectacles n’ont pas pu se dérouler normalement pour des raisons de sécurité et ces annulations à répétition commencent d’ailleurs à prendre le nom de « phénomène du no show ».
Les comédiens de la compagnie Ici et Maintenant étaient le mois dernier en Aquitaine à l’occasion du festival Novart et terminent actuellement leur tournée européenne au Théâtre de la Villette jusqu’au 28 novembre. Ils ont fait le choix de ne pas annuler leurs dates parisiennes. La responsabilité et l’engagement du spectateur pour le soutien du spectacle vivant commencent-ils par la question du prix que vous êtes prêt à payer pour y assister ? Avant même de rentrer dans la salle, cette question qui nous est posée fait déjà grincer les dents, car nous ne sommes pas vraiment habitués au concept de la « participation libre » dans les lieux institutionnels.
Ensuite, dans une sorte de remake de cellule de crise syndicale, les comédiens, qui jouent leur propre rôle, nous parlent ouvertement de la situation actuelle qui conduit des artistes, prêts à tout pour exercer ce métier-passion, à se rendre « coupables d’acharnement » en allant jusqu’à des formes d’auto-exploitation. Les comédiens interrogent aussi les subventions du spectacle vivant et leurs bénéficiaires. Même si la situation au Québec et en France est différente, le tabou sur la répartition de l’argent des subventions persiste et le spectacle est justement là pour mettre à mal nos représentations au sujet des artistes de théâtre.
Sous une forme en vogue, au carrefour du théâtre et l’action directe, le public se voit en quelque sorte pris en otage par la franchise de ces comédiens en détresse qui continuent de faire ce métier, même s’il ne leur rapporte pas assez pour en vivre. Ce spectacle participatif qui tient plus du happening semble suggérer que la passivité au théâtre n’existe pas. Sans révéler les surprises qui vous attendent, il faut se préparer à être touché, malmené, surpris, forcé de participer et surtout de rire. En effet, l’autodérision est leur plus grande arme. Elle permet de sortir de l’apitoiement et de trouver un public largement conquis.
Le NoShow, c’est une expérience collective et politique à partager qui ne peut pas se raconter, car c’est vous qui déciderez de ce que vous en ferez !
Article écrit par: MK