« Cent millions qui tombent », d’après l’œuvre de Georges Feydeau. Texte, conception et mise en scène : collectif les Bâtards dorés, au TNBA du 18 au 22 février.

Un rideau rouge, les trois coups pour annoncer le début de la pièce, contrairement aux apparences, nous ne sommes pas au théâtre de la Michodière dans les années 60 mais bien au TNBA. Pourtant, tout y est : les intermèdes musicaux, l’amant sous la table, le décor en papier pâte, le tout dans une partition parfaitement huilée. Néanmoins, dès l’ouverture de la pièce, il semble que quelque chose ne tourne pas rond : un pétomane par ci, un zizi par-là viennent tour à tour perturber cette harmonie. Les personnages dansent (ou plutôt font tourner les serviettes) sur un volcan qui ne demande qu’à entrer en éruption. Avec un humour trash et corrosif proche de celui des Chiens de Navarre, le collectif pousse à l’extrême les codes vaudevillesques et trouve dans l’écart, dans l’excès une matière théâtrale inattendue qui ouvre des perspectives inconnues. De Rodrigo Garcia pour le soldat en armure (dans son spectacle « 4 ») à Eugène Green pour l’éclairage à la bougie, Les Bâtards Dorés amènent la pièce de Feydeau vers des contrées métaphysiques dans une joyeuse et jouissive queuleuleu. On pourrait croire que l’œuvre inachevée n’est qu’un prétexte pour le collectif à des pitreries et autres facilités salaces mais il n’en est rien : le collectif investit les creux, les blancs de la pièce pour notre plus grand plaisir dans une ambiance post-apocalyptique où Feydeau finit par reprendre ses droits sur un champ de ruine.