Une histoire d’amour, encore une. C’est l’histoire de Tony et Giorgio. Mais c’est d’abord celle de Tony.
Elle vient d’arriver dans un centre de rééducation sportif après s’être blessée au genou lors d’une chute de ski. Commence alors une lente guérison pour pouvoir marcher à nouveau. Et on découvre vite qu’il ne s’agit pas seulement de soigner une blessure physique. Une dualité commence, entre le quotidien de la convalescence et les souvenirs de cette femme, les flashbacks qui racontent la rencontre de Tony et Giorgio. Il est beau, il joue les bad boy pas très nets, il est drôle et Tony tombe amoureuse. C’est comme une addiction. Très vite, un mariage, un enfant.
Au début, tout va bien évidemment, c’est la découverte de deux mondes : celui de Giorgio, patron d’un restaurant, du luxe, des paillettes, des mannequins et de l’excès. De l’autre côté, il y a Tony, avocate, et son quotidien qui peut sembler plus banal. Maïwenn montre cet amour destructeur dont les émotions transparaissent et sont trop fortes. Et l’excès de Giorgio mène leur amour, pendant plus de dix ans. On suit les efforts de Tony pour en sortir, y retomber, s’y accrocher, y croire désespérément. Parallèlement à cette spirale, ses efforts se poursuivent pour retrouver ses capacités à marcher. Là aussi elle s’accroche désespérément, jusqu’à l’excès encore une fois, jusqu’à l’horrible bruit du craquement d’un genou qui se retourne.
Avec ce film, Maïwenn ne juge pas cet amour, elle le montre, et réinterprète l’une de ses histoires en amplifiant à l’extrême l’image du manipulateur et de cequ’il engendre. Le sujet peut sembler banal ; somme toute, une passion destructrice entre deux personnes et de laquelle on ne retire finalement rien.
Si l’on ne doit alors retenir qu’une seule chose de ce film, c’est le jeu des acteurs, qui portent l’histoire de bout en bout. Mention spéciale à Louis Garrel incarnant le petit frère de Tony. Par un regard extérieur et lucide sur la relation de sa sœur, il tente de lui ouvrir les yeux avec une ironie toujours juste et dont on se délecte. Il y a Emmanuelle Bercot évidemment, mais surtout, surtout, Vincent Cassel. Qu’on adore et qu’on déteste tout au long du film. Il agace. Il est touchant. Il nous fait rire. Il est, du début à la fin, captivant, révélant la profondeur d’un personnage se définissant lui-même comme « le roi des connards ». C’est un roi, oui, dont on ne peut détacher le regard.
Article écrit par Lucile Patenotte