Street-art, spectacles de rue, performances, depuis longtemps les artistes interviennent dans l’espace public. Pourtant,qui sont les acteurs culturels qui s’engagent pour les « gilets jaunes » ? Aujourd’hui, les artistes qui s’expriment et soutiennent ce mouvement sont des artistes comme Franck Dubosc, Patrick Sébastien ou Line Renaud. Des artistes populaires souvent dénigrés par l’intelligentsia mais qui reconnaissent dans ces personnes mobilisées leur public.
Du virtuel au réel !
Le mouvement des « gilets jaunes » est né sur les réseaux sociaux et a investi l’espace public à la grande stupeur du pouvoir. Des gens ont endossé un gilet jaune pour devenir visibles, pour réclamer plus de justice sociale, plus d’équité de la part de l’État. Ils ont transformé les ronds-points en agoras, s’autorisant une parole dans le débat et une convivialité restaurée.
Exclus de la culture ?
Pour l’instant, aucun artiste subventionné n’a pris position en faveur de ce mouvement. Pourquoi ? Parce que les « gilets jaunes », exclus de la culture subventionnée, ne constituent pas leur public. Les « gilets jaunes » représentent cette partie de la population française qui se sent méprisée par l’élite. Aujourd’hui le grand projet de démocratisation culturelle confié par l’État aux institutions culturelles n’a bénéficié qu’aux élites. Les « gilets jaunes » se considèrent illégitimes pour fréquenter ces lieux de culture, ils en constituent le non public.
A la rencontre du peuple !
Jusque dans les années 1970, des artistes engagés pratiquaient des actions d’Agit Prop dans les usines. Parfois dogmatiques, trop descendantes, ces interventions artistiques témoignaient cependant de la volonté d’accompagner culturellement les évolutions sociales. N’est-il pas temps d’aller rencontrer les « publics empêchés » en allant sur les ronds- points pour y réaliser des actions culturelles populaires et de qualité ?
Rendre la culture accessible à tous !
C’est le moment de réfléchir à de nouveaux dispositifs d’éducation artistique et culturelle populaire dans l’espace public.
Sous quelles formes ? Celle d’ateliers de création participatifs par exemple.
Si nous sommes persuadés que la culture est un bien commun, qu’elle contribue à tisser des liens sociaux et que tout le monde possède une sensibilité à exprimer, le temps présent nous offre l’opportunité d’expérimenter des interventions artistiques tout-terrain.
Proposer sur les ronds-points des ateliers d’écriture, des ateliers de création de chansons, de slogans, de graphismes, d’éloquence… Partir des envies des citoyens pour contribuer à l’émancipation et l’épanouissement de chacun d’entre eux. Sortir du confort qu’offrent les musées et les théâtres pour aller à la rencontre de ceux qui n’y vont pas.
L’enjeu pour nous, les futurs acteurs de la culture, c’est bien, au regard d’un mouvement sociétal de cette ampleur, de repenser les modèles de l’action culturelle.