Du 27 novembre au 1er décembre, l’Institut des Afriques nous donnait rendez-vous à Bordeaux pour la 5ème édition du festival de cinéma Afriques en Vision. Avec plus de 20 fictions, documentaires et courts-métrages, accompagnés de discussions et de lectures immersives, retour sur un festival profondément engagé et essentiel.
Donner la parole aux cinéastes africain·es pour déconstruire la vision occidentale de ce continent peu mis en avant en Europe, c’est là tout l’enjeu du festival de cinéma Afriques en vision, présent depuis maintenant 5 ans à Bordeaux. L’institut des Afriques, principal organisateur du festival, travaille toute l’année à la mise en lumière des divers récits du continent africain par des résidences d’artistes et des évènements artistiques et culturels en tous genres.
Le jeudi 28 novembre, dans l’iconique salle Toussaint l’Ouverture du cinéma l’Utopia, Mohamed Said Ouma nous l’expliquait: “La vision mise en avant ici est une vision décomplexée du continent africain, c’est un regard porté par les Africains sur eux-mêmes”. Quelques minutes avant le début de la projection, le réalisateur et scénariste de Red Card, chargé depuis 2004 de la production du Festival International du film d’Afrique et des Îles de la Réunion, se réjouissait de voir salle comble en cette première journée du festival

Thierno Dia et Mohamed Said Ouma dans la salle Toussaint l’ouverture – ©Louise Dulac
Ainsi, c’est avec le court-métrage Mi okkitiri Adama du jeune réalisateur sénégalais Mamadou Alpha Diallo et le film Bal Poussière d’Henry Duparc que s’ouvrait officiellement l’événement. Qu’iels soient des habitué·es ou non d’Afriques en Vision, les spectateur·ices étaient hilares devant cette comédie ivoirienne emblématique. À la sortie, tous·tes partageaient l’envie de revenir lors des prochains jours : “Ça fait plusieurs années que je viens et c’est vrai que cette ambiance donne toujours très envie” déclarait une spectatrice après la séance.
Pour les organisateurs·ices, et notamment pour Thierno Dia, chercheur à l’UBM et rédacteur en chef d’Africiné Magazine, ce lien avec le public est essentiel à entretenir : “Ça n’est pas seulement un festival où on montre des films, c’est un festival où l’on discute avec le public, le public aussi nous enrichit”.
Entre DJ Set, lectures publiques, théâtre et rencontres avec réalisateurs et critiques, la programmation des 5 jours de festival permet de multiplier les échanges entre les artistes et les spectateur·ices. Lors de la soirée de clôture, lundi 1er décembre, l’équipe d’Afriques en Vision avait choisi de mettre en avant les récits de la diaspora via un film restauré pour l’occasion, Nationalité Immigré, entre documentaire et fiction : “Nous avons une ligne éditoriale qui consiste à donner la parole aux cinéastes africains, notamment ceux issus de la diaspora, pour parler des réalités africaines d’aujourd’hui” ajoutait Mohamed Saïd Ouma. La projection était précédée d’un extrait de la pièce Ils sont nombreux à marcher dans les yeux de Wong Youk Hong de la Compagnie du risque, qui rend hommage au travail de ce photographe et retrace l’histoire des marches pour l’égalité en France et aux Etats-Unis.

Extrait de la pièce Ils sont nombreux à marcher dans les yeux de Wong Youk Kong par la Compagnie du Risque – ©Louise Dulac
Enfin, en parallèle du festival, l’Institut des Afriques met également en place tout au long de l’année des actions de médiation pour les élèves et étudiant·es. L’IdAf héberge également des dispositifs de résidence qui permettent à de jeunes artistes d’être accompagné·es par des professionnel·les tout au long de leur création. Thierno Dia insiste d’ailleurs sur ce point : “Le but n’est pas seulement de montrer des films finis, mais aussi d’aider des films à se faire”.
Cette année, les partenaires de l’évènement étaient une fois de plus nombreux, du cinéma l’Utopia au Rocher de Palmer en passant par l’Apollo Bar ou encore la MECA. Cette dernière accueille d’ailleurs jusqu’au 4 janvier 2026 l’exposition Aïta, fragments poétiques d’une scène marocaine. Alors avant de se retrouver au festival l’année prochaine, n’hésitez pas à aller découvrir le travail de cette trentaine d’artistes marocain·es !

Extrait de la pièce Ils sont nombreux à marcher dans les yeux de Wong Youk Kong par la Compagnie du Risque – ©Louise Dulac

