Nuit de la poésie 2018
Le 13 Novembre 2016 au soir, j’étais à Strasbourg lorsque les attentats du Bataclan ont eu lieu.
Je me souviens de l’effroi avec lequel j’ai vu les nouvelles sombres tomber à intervalle régulier, de l’immonde piège qui se manifestait à différents endroits de Paris. De mes proches vivant dans la capitale qui signalaient aller bien, de mes amis bouleversés qui voyaient la violence de cette soirée à travers les lointains écrans de Papeete.
Je me souviens du sentiment d’affliction qui a traversé la ville et le pays pendant plusieurs jours.
« Pour que l’intelligence gagne » sont les mots du président de l’Université que je retiens au lendemain des attentats. Ils font écho à ceux de Najad Vallaud Belkacem : « Si la douleur et la tristesse nous envahissent, ces émotions doivent s’accompagner d’une dignité et d’une exigence qui sont celles de la pensée, de la connaissance et de la démocratie » et à ceux de Jack Lang : « Répondre à la violence par la culture. Répondre au fanatisme par la poésie ».
Un haut lieu de culture présidé par ce dernier a su se montrer très digne de ces paroles.
Depuis cette date, l’Institut du Monde Arabe, associé à la Maison de la poésie et dans le cadre du festival Paris en toutes lettres, dédie chaque année une nuit entière à des performances et des lectures de poésie bilingues français-arabe. Les voix, les corps et la musique de poètes, d’écrivains, de comédiens, de chanteurs, de danseurs et de circassiens s’élèvent pour célébrer la poésie et le partage.
Dix villes arabes s’unissent aujourd’hui à Paris au-delà des murs de l’IMA pour faire résonner ce message de paix. Le Caire, Bagdad, Doha, Djeddah, Riyad, Khartoum, Manama, Rabat, Abou Dabi et Tunis vibrent sur les mêmes ondes poétiques que la ville Lumière la nuit du 13 Novembre.
Au cœur de ce bâtiment dont l’architecture même est un symbole d’union des cultures, la poésie d’Adonis, de Marmoud Darwich et de tant d’autres est portée par la sensibilité de dizaines d’artistes comme un souffle d’amour vers l’humanité.
Cette nuit de la poésie enfin, n’est pas là pour que nous nous souvenions d’une nuit de violences inouïes ; elle existe pour que nous nous souvenions tous que face à la violence, les liens que la culture tisse entre les peuples sont les plus puissantes armes de paix.
Ariane Blanc Lebeaupin
Pour plus de détails sur l’événement :
https://www.imarabe.org/fr/litterature-et-poesie/la-nuit-de-la-poesie-2018