Mon Roi est l’histoire simple et torturée d’une romance entre un homme et une femme. Tony, interprétée par Emmanuelle Bercot, séjourne dans un centre de rééducation après avoir fait une mauvaise chute à ski. Elle tente, tant bien que mal, de retrouver la mobilité de sa jambe et son indépendance par la même occasion… Au gré des flash-back, on comprend que Tony partage sa vie avec Georgio, interprété par Vincent Cassel. Un vent d’amour et de bonheur s’installe dans le film, mais il cède vite sa place à la perversion et la manipulation.
Le début du film semble être un nouveau départ pour Tony, une manière de recommencer une nouvelle vie, mais on s’aperçoit vite que la mémoire n’oublie jamais vraiment. Au fil de son travail de rééducation, elle entame un travail de deuil. Deuil de cette relation qui l’a tant tourmentée et fait souffrir. Le déroulement du film nous montre le parcours quotidien du combattant qu’elle affronte aussi bien physiquement que mentalement. Devant cette femme qui ne sait pas dire non à l’homme qu’elle aime, on se sent comme inutile. Pendant qu’elle se fait détruire de l’intérieur, on se fait manger de l’intérieur. L’emprise est là, jusqu’au bout. On s’imagine à sa place, mais comment ne pas avoir la force de le quitter ? Il est le mal incarné. On le sait, elle le sait.
Mon Roi est ce genre de film qui nous permet de mieux appréhender la nature humaine dans toute sa complexité. Après Polisse et le sujet poignant des enquêtes autour des mineurs, Maïween nous revient avec un nouveau sujet, tout aussi saisissant. Telle une ethnologue de la vie quotidienne, elle aborde ici le cadre plus personnel des relations humaines et amoureuses. Comment parler de ces relations inavouables de violence psychologique et morale tout en restant juste ? Comment faire comprendre au spectateur la difficulté pour une femme de se défaire de l’emprise d’un homme qu’elle aime ? Pari réussi pour ma part. Vincent Cassel interprète avec brio le rôle du mari narcissique et manipulateur. Quant à Emmanuelle Bercot, elle s’illustre à merveille dans la peau de cette jeune femme démunie face à ses sentiments. Les deux acteurs principaux nous entraînent dans ce tourbillon de sentiments plus pervers les uns que les autres. Leur amour trituré apparaît plus vrai que nature, et l’alchimie intense qui règne entre les deux personnages finit de nous immerger dans l’histoire.
Mon Roi, l’histoire simple d’un combat physique plus facile à réaliser qu’un combat mental.
Article écrit par Charline Gasrel