Simon Denny a 35 ans, il est néo zélandais et vit à Berlin. Pour ce premier solo show, il a couplé différents projets personnels qui abordent des thèmes similaires : les méga-entreprises (et tout le flou qui entoure ces sphères d’activités), les évolutions technologiques et corporatistes en matière de traitement du travail et d’efficacité, les jeux de pouvoir, l’esthétique de ces mondes tant visibles qu’invisibles.
A peine entré dans l’enceinte de l’exposition, ce sentiment me frappe. La perte de repères, le dépaysement visuel…je n’ai clairement aucune référence esthétique à laquelle me raccrocher pour donner un sens à ce que je vois. Ordonnées en rangées, par dizaines, des espèces de cabines métalliques dont on aurait enlevé les parois sont disposées sur des tables basses en plastique et en métal. Ces étagères métalliques sont agrémentées de divers objets : matériel informatique, peluches bariolées, canettes de Redbull : la profusion d’éléments est presque paralysante. Au sol, des stickers circulaires rouges délimitent l’espace de chacune des pièces et soulignent leur caractère autonome. Au fond de la salle principale, j’aperçois encore d’autres éléments esthétiquement nouveaux : des schémas de « work ethic » sont transposés en sculptures de plastique circulaires, une maquette géante du nouveau siège d’Apple semble comme flotter dans les airs, un gros monsieur moustachu est en train de dessiner à son bureau.
Chaque pièce est une porte d’entrée vers une nouvelle histoire ; on découvre des matières, des formes, et des couleurs habituellement associées à des univers austères sous un jour nouveau grâce à une décontextualisation aussi habile qu’intelligente. En somme, en le présentant de manière ludique et accessible, Simon Denny vulgarise le monde qui nous entoure mais que nous ne percevons pas. De cette satisfaction intellectuelle de la compréhension, découle un certain plaisir esthétique. Et si la beauté c’était tout simplement de comprendre ?
L’art de Simon Denny est intelligent et cela sans une once de condescendance. Son travail a vocation à être compris et à enrichir. C’est en ça que réside toute sa beauté.
Grégoire Chamineaud