Crédit photo : Laurine Caux – « Quatre Saisons : printemps, été, automne, hiver » 199″-1995 – Cy Twombly
Les couleurs défilent, des écritures, de la vivacité, du graffitis en mouvement, des peintures à volonté. Un sourire se dessine au coin de mon visage par le bonheur éprouvé d’être devant les œuvres que je connais tant, devant le travail de l’un de mes peintres favoris.
« Chaque ligne est une expérience avec sa propre histoire innée. Elle n’illustre pas, elle est la sensation de sa propre réalisation. L’imagerie est d’une indulgence privée ou séparée, plutôt qu’une abstraite totalité de la perception visuelle. » Cy Twombly, L’Esperienza moderna, no. 2 (1957)
Cy Twombly a consacré sa vie à la pratique artistique, en débutant à 24 ans son art, il s’est étendu sur une soixantaine d’année sans jamais rien céder de sa force. Telle est la manière dont je l’ai perçu la première fois il y a quelques années de cela. Des couleurs harmonieuses, de la force à travers les mouvements, les doux ruissellements de peintures le long de la toile, les formes organiques et abstraites me font devenir curieuse et idolâtre de son art. Je n’avais aucune raison pour ne pas déambuler de nouveau sur les pavais du Marais à Paris.
Le Centre Georges Pompidou organise la première rétrospective complète de l’œuvre de Cy Twombly en Europe du 30 novembre au 24 avril, une exposition d’envergure internationale retraçant l’ensemble de la carrière de ce grand artiste américain.
A travers un parcours de cent quarante peintures, sculptures, dessins et photographies, je sillonne au grès du temps, à la compréhension du processus artistique et des inspirations de l’artistes. Nine Discourses on Commodus (1963), Fifty Days at Iliam (1978) et Coronation of Sesostris (2000) sont les séries emblématiques que le public découvre et redécouvre, séries de métamorphoses successives sur près de six décennies.
La série intitulée «Fifty Days at Iliam» n’était par exemple pas sortie du musée de Philadelphie où elle est entrée en 1989. Ce cycle magistral, daté de la fin des années 70, est inspiré de l’Iliade : il raconte en dix tableaux de grand format la guerre de Troie, le bouillonnement furieux des armées dans la bataille sous l’égide des dieux Arès et Artémis… On pourrait passer des heures à examiner chacune de ces toiles, tenter d’en déchiffrer les inscriptions et les symboles cachés.
Ses peintures sont des fresques lyriques. Ses sculptures sont doucement archaïques. Ses photographies sont comme des haïkus. Cy Twombly est comme l’invité de son art: une matière aussi puissante que fragile, à la fois vigoureuse et d’une grande délicatesse. Et ça prend aux tripes.
Du 30 novembre au 24 avril, Centre Georges Pompidou, Paris.
Article rédigé par Laurine Caux