Un récit dans des récits, l’histoire d’un cinéaste boulimique. Du 14 octobre 2015 au 14 février 2016.
L’exposition de Martin Scorsese s’appuie sur une collection de photographies de scènes de film et de coulisses, de vidéos-projections de scènes marquantes, de costumes, d’affiches de film, de storyboards ou encore d’objets cultes. Ainsi, il nous éclaire sur ses sources d’inspiration en nous faisant partager ses méthodes de travail et son approche artistique. De quoi nous en mettre pleins les yeux dans une exposition bien pensée et finalement réussie.
Ce cinéaste new-yorkais d’origine sicilienne se nourrit du monde qui l’entoure et notamment de son quartier d’enfance « Little Italy » qui l’inspire pour concevoir ses films. Scorsese ne parle pas d’amour, mais de sexe, de la drogue, de l’argent, de la rue, des gangs, il y a du sang et de la violence, beaucoup de violence. Il suffit de regarder Taxi Driver, La Dernière Tentation du Christ, Gang of New York, Racing Bull, Les Affranchis ou encore Casino, pour comprendre ! Ses acteurs préférés comme Robert De Niro, Harvey Keitel ou plus récemment Leonardo DiCaprio ne le quittent plus et ça fonctionne. Après tout, pourquoi changer une équipe qui gagne ?
Passons et rentrons dans l’exposition. En face, un mur de vidéos nous plonge tout de suite dans l’univers de ses films. Des extraits sont superposés à d’autres avec douceur, tandis que les images peuvent être parfois dures dans ce qu’elles nous montrent. Elles attirent notre attention et finalement on regarde deux.. trois fois ces séquences qui nous ont semblé pourtant uniques. On continue vers un espace où s’entremêle photos, scénarios, storyboards et extraits vidéos des premiers films du cinéaste. C’est vrai, on ne sait pas par quoi commencer mais un écran semble attirer notre attention, alors on regarde et on sourit sur cette scène d’Italiamerican, un film biographique – documentaire. Autour, on regarde les photographies prises de l’époque, les commentaires, on lit le scénario (in english of course) et puis on commence à comprendre que ce sont les parents de Martin Scorsese qui sont acteurs (pour ceux qui ne le savaient pas). En fait, c’est tout un processus qui est mis en évidence dans son attachement à sa famille et ses origines. Quelle Mama italienne peut mieux jouer que la véritable Mama italienne du réalisateur ? On retrouvera d’ailleurs ces clins d’œil à la culture italienne dans plusieurs de ses films, à retrouver tout au long de l’exposition.
Vous êtes toujours avec moi ? Je voulais vous parler d’une scène projetée qui m’a particulièrement marqué. On retrouve cet extrait dans le court métrage The Big Shave, littéralement traduit par « Le Grand Rasage ». Un homme dans une salle de bain commence à se raser puis se coupe, et plus il se rase, plus il se coupe. La scène est très « dure » et très longue (5 minutes), on plisse les yeux, on fronce les sourcils, on passe sa main au dessus de sa bouche comme quand on a une sorte d’écœurement et puis on arrête de regarder. Le cinéaste justifie cette scène pour dénoncer la guerre du Vietnam, c’est très fort comme message mais en même temps on le savait que Scorsese s’exprimait ainsi dans ses films.
Dernière partie de l’exposition, on retrouve tout une série d’objets cultes qui ont marqué les films, on a l’impression d’être au musée où il ne faut pas toucher. Mais c’est plutôt plaisant de se dire qu’on est en face du costume porté par De Niro dans Taxi Driver ou de la paire de gant de boxe qui a servit au film Racing Bull. On découvre aussi certains secrets de tournage de films comme dans Gang of New York, Le Loup de Wall Street ou comme la véritable fin de Shutter Island qui révèle finalement que… ah, non ! C’est secret. L’exposition terminée, on en sort avec pleins de choses à dire mais surtout avec une envie soudaine de passer une soirée devant un film de Scorsese, reste à savoir lequel ?
Écrit pour Adrien Lloret