Second album de Benjamin Clementine ne vient pas de Terre mais de Jupiter.
En septembre 2017, Benjamin Clementine primé par le prix Mercury pour son premier album At Least For Now a maintenant sorti son nouvel album I Tell A Fly, complètement différent par rapport à son premier album. C’est une oeuvre musicale qui est très inattendu et dans un style assez extraordinaire. Il pourrait se classer dans la musique d’avant-garde, classique contemporaine et pop expérimentale. En écoutant son album, nous pourrions avoir l’impression d’être aussi désorientés et confus que les personnages qui sont représentés dans ses chansons. Benjamin se réfère dans ses morceaux à plusieurs sujets; certaines chansons parlent des occupants de la jungle de Calais, des enfants harcelés, des habitants d’Aleppo, des migrants qui luttent au large des côtes de la Sicile. Comme sa musique les sujets sont aussi contemporains et ils essayent d’attirer notre attention sur ce qui se passe dans notre monde, Benjamin souhaite une prise de conscience du spectateur et que nous réalisions que ces problèmes sont aussi les nôtres.
Nous entendons des airs harmonieux qui ensuite sont cassés et écrasés par des morceaux de sons étrangement opposés qui arrivent sans avertissement et qui nous réveillent et dérangent. Benjamin utilise des mots répétitifs et noueux qui sont marqués par sa voix et son fausset profond et hurlant, sa technique de voix singulière.
Pendant sa tournée de concert, les morceaux de ce nouvel album sont présentés avec une performance presque théâtrale, réalisée par lui même et son groupe. Cependant son spectacle extraordinaire a été incompris par le public bordelais et parisien. Premièrement, parce que Benjamin réalise une première partie sans jouer de piano, ce que personne n’a attendu et qui est en opposition totale avec son album At Least For Now, qui est plus nostalgique et harmonieux. Deuxièmement, parce qu’il n’est pas seulement un simple chanteur mais surtout un artiste qui évolue et qui expérimente.
En tant qu’admirateur, je suis partie pour la première fois de son concert à Bordeaux déçue et triste, mais pas à cause de lui; j’ai eu honte du public qui a eu l’insolence d’interrompre sa performance en lui demandant de jouer du piano, chose que le public s’attendait à voir.
Trop tôt, le public impatient a rejeté et critiqué sa performance et son nouvel album à la place de lui laisser le temps de s’exprimer et se plonger dans l’écoute et surtout comprendre qu’il est avant tout artiste.
Son second album n’est pas un échec, le public ne l’a pas encore compris, trop en rupture avec son précédent, il faut laisser le temps à la magie de faire son effet.
Alexandra Kollarová
Crédit photo : Noémie Villard / Maze