Un lundi d’avril le TER Nouvelle-Aquitaine est arrivé en gare de Mont-de-Marsan.
J’en suis descendue sous le ciel gris et les quelques gouttes de pluie qui l’accompagnait. J’ai marché dans cette petite ville du sud-ouest en direction des bureaux du Conseil Départemental. Arrivée au centre-ville, j’ai découvert la Midouze, rivière formée par l’union du Midou et de la Douze. En regardant l’eau couler, je me suis demandée quelle histoire avait bien pu unir de la même manière l’Andalousie aux Landes et construire ainsi une nouvelle terre appelée Mondémarsan ? Pourquoi depuis 30 ans, chaque année, les passionnés de culture flamenca viennent des quatre coins de l’Europe passer une semaine au cœur de l’infinie forêt de pins ?
Le festival Arte Flamenco c’est, à l’image de cet art ancestral, une histoire de passion. De chemins croisés, de liens tissés. D’êtres humains éloignés de leur territoire qui ont voulu partager l’universalité de leur culture. Les graines semées ont, au fil des années, poussées. En arpentant les rues de la ville j’ai découvert la place qui a été faite à la culture du cante (chant), du baile (danse) et de la guitarra (guitare). Des peñas, accueillent tout au long de la semaine les amateurs qui viennent frapper le sol de leurs tacones enflammés, et les bares servent aux gourmands des plats aux saveurs du sud des suds.
“El flamenco se ha vuelto algo global y, en él, cada cultura puede encontrar algo que le relaciona. ¡Es el por qué todos hacemos flamenco!” Le cantaor (chanteur) Pirouz de Caspio exprime de manière très juste le métissage dont est issu le flamenco et la manière dont il peut ainsi parler à quiconque croise son chemin. En effet, chaque jour qui me rapproche du festival Arte Flamenco me rappelle cette phrase connue qui dit qu’il n’y a pas de hasard dans la vie, mais seulement des rencontres.
Et des rencontres j’ai pu en faire à Mondémarsan. Car pour que la chanson d’Arte Flamenco soit juste et résonne au-delà de la ville pendant une semaine il faut un grand orchestre qui sache s’accorder. Cet orchestre est composé d’individus fascinants. Les agents du département investis sur le projet sont animés par des valeurs fortes. Ils forment une unité qui avance en rythme, en harmonie et avec humilité vers le grand rendez-vous du mois de juillet.
Ce grand rendez-vous c’est un peu comme la réunion de famille annuelle où tout le monde va pouvoir se retrouver. Pour les artistes andalous, Mondémarsan, c’est une maison de vacances où ils se nourrissent de cet ailleurs si loin de leur réalité. Ils y rencontrent un public connaisseur ou simplement curieux.
Tout le monde est impliqué dans l’organisation de la grande fête. Les commerçants, les espaces de spectacle, la rue, accueillent les vibrations profondes de los flamencos. Les plus courageux s’inscrivent à des stages intensifs de musique ou de danse.
Mais le flamenco s’infiltre aussi dans les écoles, les collèges, les lycées… On en entend des échos jusqu’à l’université de Bordeaux. Il retentit aussi dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique du territoire, au sein de l’EPHAD de la ville, d’une crèche et de l’Institut Médico-Educatif du centre départementale de l’enfance. Le flamenco traverse ainsi les générations et ouvre chacun à de nouvelles sensations…
Alors, si vous descendez un jour du TER Nouvelle-Aquitaine en croyant arriver à Mont-de-Marsan, n’oubliez pas que la capitale des Landes a une jumelle, Mondémarsan, qui vous entraînera dans une danse à laquelle vous ne vous attendiez pas…
Lien vers le site du festival : https://arteflamenco.landes.fr/
Madeleine d’Ornano
Crédit photo : Jérôme Pradet