De la maison de couture au musée.
« Chanel a donné la liberté aux femmes, Yves Saint Laurent leur a donné le pouvoir » affirme Pierre Bergé à propos de son compagnon : le couturier Yves Saint Laurent.
Moquette et longs rideaux de velours verts m’accueillent. Prestige de la maison oblige. Voisines du quartier, touristes, couples et familles attendent pour entrer, ce soir c’est la nocturne.
Quinze ans après la fermeture de la maison de couture éponyme, ouvre au même endroit, en octobre dernier, le résultat de nombreuses années de concertation et d’archivage : le musée Yves Saint Laurent à Paris.
Difficile de penser que je suis dans un musée tant le décor est unique. La voix d’Yves Saint Laurent guide mon entrée, les mannequins et leurs parures apparaissent, le génie du couturier aussi. La mise en scène installe une ambiance intimiste : moi face aux œuvres. Les croquis et les patrons authentiques défilent.
Comme un pèlerinage, je m’arrête religieusement devant des œuvres vues tant de fois en photos. Elles sont là devant moi, immobiles, elles attendent qu’on les admire. De nombreux dessins qui ne sont jamais sortis de ces murs sont aussi présentés. Toutes les pièces de la maison de couture se répondent, elles construisent un sens chronologique qui me permet de mieux comprendre l’évolution du couturier.
Arrivée dans le bureau de Saint Laurent, silence. Toutes ses affaires de travail sont présentées, comme s’il allait revenir. Soucis du détail, rien n’est laissé au hasard. Les œuvres d’art de sa collection personnelle sont exposées, sources principales de son inspiration.
Pourtant, la maison du 5 avenue Marceau n’est plus une maison de couture mais ni totalement un musée. C’est peut-être cela qui rend ce lieu unique : vie privée et publique sont intimement liées. Ce n’est pas le projet d’un seul homme qui est présenté à tous, on ne parle pas seulement d’Yves Saint Laurent mais aussi de ceux qui l’ont accompagné, en particulier Pierre Bergé.
Et c’est cette couleur que le lieu apporte en plus. Au-delà des œuvres inédites, plastiques ou textiles, et des archives exposées, on nous montre l’intime. En sortant, je sais désormais à quoi ressemble les coulisses de la maison Saint Laurent, j’ai pu capter toutes les couleurs et la créativité de l’artiste.
Mathilde Gleyo
Crédit photo : Luc Castel