Crédit photo : Malik Nejmi / VU
L’exposition de Malik Nejmi, El Maghreb: Retour au pays de mon père, nous plonge directement dans l’intimité de cet artiste franco-marocain. À la fois photographe, vidéaste, et poète; Nejmi se sert sciemment de ses ressources pour se recréer un imaginaire social, perdu de vue au fur et à mesure des migrations dont il est issu. Ces dispositifs lui permettent de construire une histoire photographique qui nous embarque dans un cheminement psychologique et profondément philosophique de l’artiste sur les questions de vérité et d’identification culturelle.
La diversité des sujets présentés par Nejmi nous transmet une vision de l’identité comme un organisme changeant et complexe. Cette conception est véhiculée en opposition à une vision simpliste d’une soi-disant seule et vraie identité fragmentée à cause de la migration.
Ici, le Maroc—comme Nejmi—se retrouve dans des espaces transitoires entre plusieurs temporalités qu’il tente de “synthétiser ».
Cette temporalité plurielle peut se traduire en mouvements captés par le film photographique, ce qui crée un aspect flou qu’on retrouve au long de sa série. Cette ambiguïté s’exprime aussi à travers le choix de scénographie d’omettre les panneaux didactiques traditionnels en faveur d’extraits poétiques de Nejmi qui rythment la cadence de l’exposition. Le refus de clarté dans sa représentation du Maroc lui permet de créer son propre récit à l’abri d’une sur-simplification de son pays, sa culture, et son expérience.
En quelque sorte El Maghreb sert de cartographie interne pour l’expérience migratoire de Nejmi. Il manipule habilement l’espace nébuleux entre l’imaginaire occidental et son propre réel du Maroc en se frottant aux clichés de l’orientalisme dans l’histoire de l’art de manière assez ambiguë. C’est à partir d’une volonté de “photographier le Maroc pour décadrer la France” que Nejmi s’inscrit dans un contexte post-colonial à travers sa pratique artistique que vous pouvez voir jusqu’au 31 décembre 2016 au Musée d’Aquitaine.
Entrée libre.
Article écrit par Tess Juan Gaillot