Avis aux photographes, aux passionnés, aux curieux : les Rencontres d’Arles fêtent cet été leur demi siècle.
Fondé en 1970, le festival présente chaque année une quarantaine d’expositions de photographie, mêlant différents styles, époques, pratiques, mais toujours le même talent. De juillet à septembre, les visiteurs se sont encore montrés nombreux cette année à déambuler entre la chaleur des rues arlésiennes et la fraîcheur des églises ou autres lieux patrimoniaux d’exception, accueillant quelques œuvres d’art en leur sein pour un temps. 2018 a en effet témoigné d’une fréquentation record avec 140 000 visiteurs, gage de la faculté à rassembler des Rencontres, qui se veulent espace de découverte et de partage.
C’est avec plaisir que j’ai pris part à la foule de curieux lors de l’édition 2017. La pertinence de la programmation, articulée autour de grandes thématiques actuelles comme intemporelles, est mise en valeur par un travail scénographique soigné, et réfléchi. Regroupés autour d’un thème commun, les artistes dialoguent, des liens se créent, les points de vue s’accordent ou s’opposent. La photographie, expression personnelle de l’artiste sur ce qui l’entoure, montre encore une fois l’acuité de l’image à regarder le monde, et le rôle qu’elle peut jouer dans la construction d’une réflexion. La photographie comme outil pour comprendre, pour penser la société dans laquelle nous vivons, le tout doublé d’une esthétique et d’une émotion propres à chacun.
En l’espace de quatre jours, j’ai voyagé de la scène colombienne à la frontière syrienne, avec un détour en train par la Russie à la recherche des traces d’un Lénine disparu, j’ai été confrontée à l’effrayante réalité de Monsanto, séduite par l’Iran vue par l’œil de ses photographes, je suis passée du micro au macro avec le Hong Kong de Michael Wolf, pour finir la tête juste hors de l’eau dans un tour du monde des inondations. Un périple qui laisse entrevoir la volonté marquée de cette édition : voir le monde, un monde en mutation, un monde complexe et global. Pari réussi, au travers des lieux d’exposition qui tissent dans Arles la toile d’un monde à petite échelle, mais également des conférences, des ateliers, des projections qui ponctuent le festival, et grâce à sa partie off, où l’art sort des espaces délimités et attendus. Les images se rencontrent au coin d’une rue, sur les murs investis par les passionnés, dans la cave d’une boutique ou dans un bar autour d’un café, l’art gratuit, et accessible à tous. Les nouvelles technologies changent aussi la façon de faire de la photographie, et le festival le sait bien : tout un espace y est dédié à la réalité virtuelle.
La programmation de l’édition 2019 n’est pas encore annoncée, mais elle saura sans nul doute être à la hauteur de celle des cinquante dernières années, et il s’agirait de ne pas passer à côté !
Crédits photo : Clara Hardy-Parvery